Dans mon interview d'hier, j'ai eu une question qui me turlupine depuis au moins 1 an, et que je me suis reposé récemment quand j'ai écris une nouvelle version de mon business plan: tous les 3 mois environ, il faut prendre un peu de recul et faire une bonne réflexion stratégique. La ré-écriture du business plan est une bonne occasion de s'y plonger, et d'en garder une trace.
Quel est donc l'avenir des services en lignes et ce qui nous concerne le plus, quel est l'avenir des logiciels en ligne ?
Sans être un grand sorcier, le triple entraînement de la bascule d'une grande part de la population, à commencer par les plus jeunes vers Internet au détriment des autres médias, de l'accroissement des réseaux haut débit et des pays et populations qui se connectent à Internet, les services en ligne qui ont déjà explosé depuis 2 ans devraient encore pulvériser le succès des services en ligne.
Sur le 2ème facteur cité, j'ai d'ailleurs plutôt l'impression d'assister à une convergence absorption des anciens médias par Internet: Après les journaux en ligne (la presse écrite n'arrêtant pas de chuter depuis cette absorption), les radios et TV en ligne devraient logiquement faire suivre la même voix à plus ou moins long terme à ces médias respectifs. Mais c'est un autre débat.
La seule crainte pourrait venir des réseaux. Peut être une attaque logicielle ou physique contre les noeuds d'architecture (les grands serveurs DNS par exemple), mais cela reste peu probable en terme de succès (il "suffit" de les remettre en service, ce qui même dans les cas complexe reste surmontable).
Plus probable en terme de succès serait une multiplication d'attaques virales de grande ampleur dont la conséquence serait la perte de confiance de la clientèle dans les services Internet. Et encore, à mon avis, tant que les utilisateurs ne perdront pas grand chose ils y reviendront. Donc du coup, les seuls qui pourraient avoir à craindre quelque chose seront les services payants en ligne (dont les logiciels payants, on y reviendra).
Globalement, je ne vois pas trop ce qui à moyen terme (2 à 5 ans maximum, c'est déjà une éternité dans la high tech), pourra ralentir le succès des services en ligne, en particulier les services gratuits.
Car par contre, l'avenir des services payants en ligne ne me semble pas quant à lui vraiment garanti à horizon 5 ans.
Je ne parle pas ici du commerce électronique classique (vous n'allez pas acheter d'ici peu une voiture gratuite sur le Net), mais bien des services Internet type logiciels en ASP, ce qui est le cas de notre service de production vidéo en ligne.
Du coup, il est selon moi peu probable que les chiffres d'affaires des sociétés proposant des services payants en ligne suivent la même tendance exponentielle de succès que les services en ligne pris globalement, y compris dans le B to B (business to business - entre entreprises donc).
La cause est moins selon moi à rechercher du coté des habitudes de gratuité des utilisateurs envers les services du Net, que de la puissance des acteurs qui dominent actuellement Internet en proposant des services gratuits contre la manne publicitaire: A savoir Google en 1er lieu, suivi de Yahoo, Microsoft et quelques grands acteurs de sites communautaires tels que Myspace, Facebook, ... Notez qu'en disant cela, je ne cherche pas à savoir si cela est un bien ou un mal, ou sans doute un peu des 2 (tant mieux pour les utilisateurs, tant pis pour l'innovation).
Ces acteurs, pour continuer à percevoir la plusse grosse part du gâteau des revenus publicitaires ont besoin de continuer à régner sans partage sur le Net, ce qui passe par proposer leurs services sur tous les créneaux à succès dès qu'ils apparaissent. Tout service novateur rencontrant un succès important se verra donc logiquement proposer une version gratuite de la part de ces géants et cela en peu de temps (disons au maximum 2 ans après les 1ers succès du service novateur).
Et la start-up à l'origine de l'innovation n'aura pas les reins assez solides ni en terme de R&D, ni en terme commercial, ni en terme juridique pour résister (quel peut être son avenir si un géant propose un service similaire et gratuit ?).
Ce qui notez le ne signifie pas un échec de la start-up (elles se font fréquemment racheter par ces géants, soit pour gagner du temps en développement et en notoriété sur ce service, soit pour contourner la barrière de brevet constituée par cette start-up - Nevisto est dans ce cas. Nos brevets sont quasi infranchissables).
Il n'y a qu'à regarder les actualités high tech de ces 2 ou 3 dernières années pour remarquer que cette stratégie est appliquée à la lettre, en particulier par Google et Myspace, et avec un peu moins de succès par Yahoo et avec un peu de retard par Microsoft (qui a le plus à perdre dans l'histoire, mais qui est le seul à avoir les reins assez solides pour résister).
2 écueils guettent ces géants:
* Commettre une erreur, d'une part en se dispersant, d'autre part en ratant un service innovant majeur qui coûterait alors trop cher à rattraper ou à acheter (cf les valorisations actuelles de Facebook). On peut d'ailleurs se poser la question du positionnement sur la téléphonie mobile. Est ce une erreur de dispersion (ces géants n'ont pas la surface financière pour être une acteur majeur de la téléphonie mobile - il n'y a d'ailleurs que des acteurs locaux (ou continentaux) dans ce secteur) ou est ce un test de positionnement (d'ici 20 ans, il est quasi certain que la majorité des accès à Internet seront coté mobile, quel que soit le ou les terminaux qui seront alors utilisés).
* La concurrence des géants des réseaux, qu'ils soient fixes ou mobiles, qui tentent à tout prix, et pour cause, de contrôler le terminaux de leurs clients, pour imposer leurs services à valeur ajoutée. Seule la concurrence effrénée, en particulier sur les services mobiles, ou une situation financière délicate ou encore une incapacité à proposer des services innovants, peut les amener à faire entrer le loup dans la bergerie. Dans le cas contraire, ils devraient lutter au couteaux contre les géants du NET (des produits comme les box des ISP français devraient être la bête noire des géants du NET (il n'y a qu'à voir le faible succès des solutions de téléphonie sur IP de ces géants en France par rapport aux autres pays).
Ceci dit, aucun de ces 2 écueils ne devrait faire varier les prévisions sur l'avenir des services en ligne payants, en particulier les logiciels payants en ASP. A plus ou moins long terme, ils subiront la concurrence de services similaires gratuits ou seront intégrés à des offres gratuites.
Et des sociétés comme Nevisto dans tout cela ?
D'abord nous avons un certain temps de répit. Nous n'avons pas encore rencontré le succès donc sommes peu visibles, puis il va falloir du temps pour nous copier.
Ensuite, notre barrière de brevets est déjà redoutable (ce ne sont pas les 1ers que j'écris, je deviens un expert dans le domaine). Ce qui exclue au moins la concurrence directe.
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