François Hollande veut -il gagner l'élection ?

Je me suis toujours fixé comme règle de ne pas faire de politique sur ce blog, ne fut ce que car je dirige une société et qu'il est très difficile de parler politique serainement en France, l'art si intéressant du débat n'existant visiblement pas dans ce pays.
Il n'y a qu'à consulter les grands blogs politiques de droite ou de gauche pour visualiser cela.  Soit les lecteurs sont d'accord avec le bord politique de l'auteur, avec des commentaires allant dans le sens de l'auteur, soit ce sont des insultes.  Et le pie c'est que c'est pareil dans la vie de tous les jours quand on discute politique:  Si on est du même bord, tout va bien, sinon l'hostilité monte très vite.

Aujourd'hui, sans prendre de position (ce qui est toujours difficile ) je me pose quand même des questions sur un des candidats favoris,  à savoir François Hollande.
Je me souviens qu'il y a quelques mois, dans les jours précédents puis suivants sa nomination coté PS, de nombreuses personnes se posaient la question sur sa motivation, questions vite balayées par sa campagne très bien menée.
Mais en l'espace de 3 semaines, ce candidat a cumulé 2 énormes gaffes (par rapport au positionnement de sa campagne s'entend - je ne prend pas partie sur le pour ou contre de ses 2 annonces).
--> La 1ère sur la taxation à  75% de tous ceux qui gagneraient en salaire plus d'1 million d'euros (taux de taxation s'appliquant au delà de cette somme s'entend).
-->  La seconde sur une déclaration jettant le trouble, selon laquelle il suffirait qu'un adulte soit accompagné d'un enfant, pour ne plus être expulsable, que d'aucun assimilent à un appel à une régularisation massive et incontrôlée.

Pourquoi les 2 "sorties" de Hollande constituent elles donc des bévues par rapport à sa campagne ?
Car François Hollande avait jusqu'ici compris que la campagne se gagnerait au centre.  La gauche et la droite se partageant grosso modo 35 à 40% de l'électorat chacune, extrêmes compris, toutes les élections se gagnent sur les quelques %  d'indécis très fluctuants, et les quelques 15 à 20 % de centristes, qui se caractérisent par un très fort réalisme économique, couplés à des positions politiques modérées en particulier sur les faits de sociétés et l'immigration. Qu'Holande a toujours ménagé en se limitant à des propositions toujours très consensuelles.
Sans crainte particulière du coté de son parti, trop unis derrière le rejet viscéral de Nicolas Sarkozy, Hollande pouvait donc "draguer" hostensiblement le centre sans trop de risque, et conserver ainsi une forte avance dans les sondages.

Or ces 2 dernières sortie d'Hollande ont fait effet de repoussoir violent pour cet électorat plutôt bien informé:
-->  D'une part cet électorat a bien conscience du message désastreux économiquement parlant véhiculé par cette "taxation des riches":  D'une part les sommes potentiellement recueillies seront faibles, d'autre part les pertes potentielles sur de nombreux secteurs économiques français phares risquent de les compenser très largement, voire plus, ne fut ce que du fait de la fuite à l'étranger de certains hauts salaires.  Surtout, le message est désastreux vis à vis de tous ceux qui souhaitent créer leur société en France, dans l'espoir de faire fortune: "Ils ne sont pas les bienvenus".
A des années lumières d'un pays comme le Bresil, qui met en avant ces 2 nouveaux millionnaires par jour sous le gouvernement Lula, millionnaires que tous rèvent d'imiter:  Des exemples pour la société brésilienne.  Et dans le même temps, le niveau de vie des couches sociales les plus pauvres sous Lula a augmenté de 36% ... 
La leçon est claire:  L'objectif ne devrait pas être de taxer les riches, mais d'augmenter le niveau de vie des plus pauvres et l'augmentation du nombre de riches est un des moyens, en enrichissant toute la société, d'y parvenir.
F Hollande qui avait bien retenu la leçon du désastre provoqué par son "je n'aime pas les riches" en 2007, a donc commi une bévue en répétant cette erreur.
-->   Plus grave encore pour l'électorat centriste, 2 semaines plus tard, il sous entendait qu'il était favorable à un net assouplissement des contraintes pesant sur l'immigration.   De quoi effrayer un grand nombre d'entre eux, et ce alors que l'actualité vient de montrer de façon dramatique les difficultés d'intégration de communautés entières qui se replient sur le communautarisme, en particulier religieux.

Le résultat n'a pas tardé: Dans le même laps de temps suite à ces 2 "sorties", N Sarkozy a fait une remontée fracassante dans les sondages, et pour la 1ère fois, fait jeu égal ou dépasse Hollande dans les sondages relatifs au 1er tour.
Et les évènements dramatiques de ces derniers jours devraient largement le faire remonter, ou en tout cas faire chuter Hollande.

Hollande ceut il vraiment perdre l'élection présidentielle ?  Evidemment non.
Mais le candidat de la gauche est désormais au prise avec la même problématique que la droite dans les années 80 et 90, à savoir la montée ultra rapide des extrêmes de son bord.  L'ascension de l'extrême gauche, qui a doublé son score en moins d'1 mois, oblige Hollande a se repositionner sur la gauche, en perdant le centre.  L'exacte réplique à gauche de l'échiquier de la problématique de la droite vis à vis du FN dans les années 80 et 90.   Et alors que la droite a réussi en virtuose dans les années 2000 à faire le grand écart entre centre et extrême droite, la gauche n'est pas encore, loin de là, rompue à ce style d'exercice.


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