6 mars 2013

Santé: Quel impact des particules fines des moteurs diesel

On a déjà vu dans le post précédent que depuis fin 2011, les véhicules à essence émettaient 44 % de particules fines de plus que les véhicules diesel au kilomètre parcouru si on ramenait le calcul à la durée de vie des véhicules.

La question est faut il pour des raisons de santé interdire les moteurs à gazole, comme l'ont fait par exemple le Japon et la Chine, du moins pour les véhicules particuliers d'une part, et pour les usages urbains seulement d'autre part (ces restrictions ne s'entendent pas pour la campagne surtout en Chine, dont la politique reste toujours très pragmatique contrairement au tout ou rien envisagé en France …).

Les politiques français, pour montrer l'urgence, ont d'abord avancé 42 000 décès par an liés au diesel (et même 44 000 pour un comique député écologiste !), avant de reculer devant les divulgations de la presse et d'annoncer 42 000 dus aux particules fines, et non pas au diesel en tant que tel.

Déjà cette magouille sur les chiffres impose la prudence.
Le but du gouvernement est d'abord de trouver quelques milliards d'euros supplémentaires (personne ne pense aux économies visiblement …).

Ce qui n'empêche pas de se poser la question: Y a-t-il ou pas un problème de santé publique lié aux moteurs diesel, et peut-on l'éviter ? 
Tout d'abord quel est le niveau de risque du diesel, et peut-on l'éviter ?

Soyons direct, personne ne connait la réponse à la 1ère question et on peut juste faire des approximations et hypothèses.
Pour la seconde question, la réponse est plus simple: Non, en admettant qu'il y a un risque, on ne peut pas l'éviter.
Pour 2 raisons essentiellement:
a) Sur les 14 % d'émissions dus aux moteurs diesel, environ 40%, soient 5,6% du total d'émission des particules sont dus aux camions et autres véhicules industriels, pour lesquels il n'y a pas de moteurs à essence disponibles et donc pas d'alternative (pas de possibilité de supprimer le transport par camion pour faire bref .  Dans le meilleurs des cas, les transport ferroviaires, fluviaux, pouraient absorber 20% du total des transport des camions d'ici 10 ans, or on a vu qu'à cette échéance, il n'y aura plus de problème avec les moteurs gazole du fait de l'espérance de vie du parc…).
b) Restent 9,4 % du total des émissions liées aux moteurs diesel des particuliers,
Personne n'imagine interdire à 60% des particuliers l'usage de leurs véhicules comme cela du jour au lendemain.
Il faudra donc attendre le renouvellement progressif de cette flotte de véhicules particuliers, ce qui prendra en moyenne 12 ans.

Or, on a vu qu'on aura tout intérêt de favoriser les moteurs diesel dans l'avenir du fait de la propreté de ces derniers comparée aux moteurs à essence, mais aussi en terme écologique de leur moindre rejet en CO2…
Donc on ne peut à court terme éviter le problème de santé s'il y en a un, juste essayer de réduire la durée sur laquelle le problème se posera.

A noter enfin que le problème se concentre surtout au niveau des grandes agglomérations aux heures de pointe, avec près de 45% pouvant provenir des émissions des moteurs en circulation.
Si on considère que les camions et véhicules assimilés roulent 2 fois moins dans ces agglomérations que sur l'ensemble du pays, 36% des émissions seraient alors dues aux véhicules particuliers.

A ce niveau la solution semble évidente: Développer les transports en commun, en particulier sécuriser ces transports communs tard le soir … pour éviter que pour des craintes en termes de sécurité des personnes, celles-ci utilisent leur véhicule particulier.

Reste la 1ère question, la principale bien entendu.
 Y a-t-il un danger particulier lié aux particules émises par les moteurs diesel.
Autant le dire directement: Les communications alarmistes de nos politiques préférés laissent très septiques la communauté scientifique.
L'OMS avance ainsi pour la France une évaluation de 42 000 décès dus aux particules fines par an en France, mais se garde bien d'indiquer que ces décès sont dus au diesel.
D'autant que les facteurs aggravants ne sont pas indiqués:
Par exemple, combien parmi ces 42 000 décès prématurés évalués sont également des fumeurs également comptabilisés dans les 70 000 décès dus au tabac, ou les 90 000 dus à l'alcool, … et quelle est la cause principale du décès prématuré…
Si vous préférez, il est fort probable que les décès prématurés se déclenchent sur des personnes déjà sensibilisées par les particules fines au niveau des poumons, c'est à dire essentiellement les fumeurs.
Et si les 42 000 décès prématurés avancés pour la France correspondent à 90% aux 70 000 décès liés aux fumeurs, cela ne signifie pas du tout la même chose que s'ils sont à 90% distincts, ce qui en 1ère approche semble très peu probable.

Tout ce qu'on peut dire avec certitude dans l'étude de l'OMS, c'est que la provenance de la pollution aux particules, fumée des chauffages au bois ou fumées d'usine, … ou diesel n'est pas différentiante. Les 9,4% de pollution aux particules fines en provenance des véhicules particuliers (36% dans les pointes de pollution dans les grandes agglomérations) sont t-ils la cause de la surmortalité ou pas ?
Pas de réponse de l'OMS à ce niveau.

L'information manquante est y a t-il un seuil déclenchant une surmortalité ou est il strictement progessif ou y a t-il une courbe ?
La notion de seuil est à expliciter.
Un produit peut être nocif pour la anté humaine à partir d'un seuil,  et pas avant.
Par exemple, l'Arsenic est utilisé dans certains traitement à très faible dose,  mais devient mortel à partir d'un seuil.
Or, par rapport au taux d'émission de particules fines actuel, ce seuil n'est pas connu !
En clair, si on prend comme base 100 le taux actuel d'émision de particules fines en France, on ne sait pas si les décès prématurés sont déclecnhés à partir d'une base 20, 40 ou autre par rapport au taux actuel.
Et si  les déclenchements ont lieu à partir d'une base 20 ou 40, ce n'est pas réduisant le taux actuel d'une base 100 à une base 90,6, c'est à dire en supprimant totalement la part des véhicules particuliers qu'on changera quelque chose !

Si on ne peut pas le savoir directement, il est possible cependant d'extrapoler.
Comment ?
En comparant les chiffres français à ceux des pays ayant interdit les véhicules particuliers diesel dans leur centre ville.
On peut éliminer tout de suite les villes chinoises, trop polluées en particules fines via d'autres causes que les véhicules (centrales à charbon, ...) pour être statistiquement fiables et nous concentrer sur le cas du Japon, dont les villes semblent en terme de qualité de l'air au moins équivalentes aux villes françaises, et dans les rues desquelles les véhicules particuliers diesel sont interdits.
Observe t-on un taux de mortalité dus à des cancers du poumon (puisqu'il s'agit de l'impact essentiel des particules fines) inférieur à celui des agglomérations françaises ?
Vu les chiffres avancés par l'OMS (42 000 décès sur les 570 000 décès français annuels), l'impact devrait être considérable et très facilement observable.
Réponse:
Le taux de décès par cancer du poumon dans les agglomérations nippones est très légèrement supérieur à celui constaté dans les agglomérations françaises.

Verdict donc de l'expérimentation:
Pas d'impact constaté sur les émissions de particules fines dues aux véhicules particuliers diesel présents en France et interdits au Japon.

Cette équivalence de taux de cancers du poumon peut bien entendu être du à d'autres facteurs (je n'ai pas le taux de fumeurs au Japon par rapport à la France), mais elle prouve bien que s'il y a un impact des véhicules diesel sur la santé publique, il doit être très faible pour être ainsi masqué lors des comparaisons internationales !

Notons en outre une interrogation:
Si le diesel est si mauvais en terme d'écologie et de santé public du fait des particules fines émises, pourquoi ne pas s'attaquer aux principales sources de ces particules fines, à savoir le chauffage au bois et les émissions de fumées d'usine, qui peuvent être résolues plus aisément du fait de leur nombre plus faibles, plutôt que sur la 3ème source en terme d'importance uniquement ?
 Imposer des filtres sur les cheminées d'usine serait logiquement beaucoup plus rapide (il n'y a pas 22 millions d'usines en circulation) + moins couteux à la fois en termes de déploiement et pour l'industrie française, avec 3 fois plus d'impacts globaux sur cette pollution !

Reste bien entendu la dernière interrogation liée au dernier argument avancé par le gouvernement dans sa volonté de sur-taxation du gazole :  Le diesel est il rentable ou pas pour la France ?  A lire ici.

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2 commentaires:

  1. Les relations entre exposition à long terme aux pollutions atmosphériques
    et cancer du poumon ont fait l’objet d’une dizaine d’études épidémiologiques. Malgré l’imprécision des estimations des expositions qui tendent à atténuer la relation exposition-maladie, presque tous les auteurs mettent en évidence une association statistiquement significative entre la mortalité/morbidité par cancer du poumon et les différents polluants étudiés.
    Mais surtout, votre analyse qui se fonde seule sur la surmortalité liée aux cancers du poumon est pour le moins réductrice: les liens entre pollution atmosphérique et atteinte à la santé à court terme (respiratoire, cardiaque) sont clairement établis.
    Pour la mortalité cardiovasculaire et cardiaque, l’augmentation du risque de décès associée à une augmentation des PM10 (particules fines de moins de 10 microns) et du NO2 est jusqu’à deux fois plus élevée que pour la mortalité toutes causes, notamment pour les 65 ans et plus.
    En ce qui concerne les maladies respiratoires tel que l'Asthme, qui concerne 7 millions de français, toutes les études montrent une relation claire entre l'exposition aux particules fines dans le déclenchement et l'aggravation de la maladie.

    Il s'agit là d'un problème majeur de santé publique, qui ne doit pas être traité à la légère ...

    F. Charbonnier

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  2. Bonjour et merci de votre commentaire.
    Notez que dans cette série d'articles, je ne conteste pas la réalité des chiffres et études que vous soulignez.
    La contestation vient 1) de la provenance de ces particules et 2) des moyens de prévenir l'ensemble des atteintes à la santé publique liées.
    Pour le point 1), on sait que l'émission des particules fines n'est que "marginalement", de l'ordre de 20 à 25%, liée au diesel. Pourquoi donc ne pas se concentrer sur les sources de pollutions majeures, mais juste sur le diesel ? La réponse semble être liée au niveau de taxes que cela permettrait de récolter. Donc rien à voir avec la santé.
    Pour le point 2, les solutions proposées sont l'augmentation de la taxe sur le diesel. Donc grosso modo pousser à l'abandon progressif de ce type de carburation.
    Or l'essentiel de la pollution vient du parc des anciens moteurs diesel. Et on sait qu'avec les nouvelles normes de 2014, au moins 99,9% selon les différentes études des 20 à 25 % d'émission de particules fines seront supprimés pour ces moteurs diesel. Donc plutôt que de surtaxer ces nouveaux moteurs, qui contribueront dans le futur (si tout le parc diesel est remplacé par ce type de moteurs) pour moins de 0,02% des émissions de particules fines (les 25% actuels multtipliés par 0,01% puisque 99,9% des émissions sont réglés avec ces nouveaux moteurs), pourquoi ne pas au contraire effectuer une forte incitation vers ces nouveaux moteurs (type prime à la casse si on remplace un vieux diesel par ces nouveaux véhicules) ? Et pourquoi ne pas centrer les taxations éventuelles sur les autres sources de pollution aux particules fines, qui dans l'avenir représenteront 99,98% des émissions ?

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