Je prend un peu de mon temps pour vous faire partager mon expérience du financement de création d'entreprise technologique en France. Comme cela risque d'être un peu long, je découpe ce post en 2 et le finirai demain vers midi (je prendrai mon repas devant mon PC – j'aurai un peu de temps donc).
J'ai créé Nevisto.com ma peut être future multi nationale de la production vidéo facile) , et en tout cas une entreprise tout ce qu'il y a de plus high tech, avec Jean Pierre Remy il y a 2 ans et demi maintenant. .
Comme beaucoup d'entrepreneurs mal conseillés ou pas du tout conseillés, j'ai commencé à tenter ma chance auprès d'investisseurs de type business angels et capitaux risqueurs, afin de financer notre important effort de R&D, puis notre démarrage commercial et j'ai aussi participé à 2 réunions de capitaux risqueurs (type Tremplin entreprise, Innovact, Start ouest, Capital IT ... il y en a quasiment tous les 2 mois).
Autant le dire tout de suite, c'était beaucoup trop tôt. Comme je l'ai appris bien plus tard, le capital risque est surtout là pour financer le risque commercial (qui peut être très important, et qui nécessite en tout cas des sommes élevées) et non pas le risque produit, c'est à dire le développement initial de la technologie, ce qui était notre cas jusqu'à il y a 3 mois. Notez en passant que nous n'avions pas encore d'équipe commerciale, et qu'un des principaux critères des capitaux risqueurs est une équipe de direction complète et compétente (le complète incluant donc la fonction commerciale). Et si un profil commercial nous avait rejoint à cette époque, il aurait de toute façon été inutile (puisque nos produits sont sortis 2 ans plus tard).
Tout n'a pas cependant été négatif, puisque nous avons appris les règles du jeu, et une certaine maîtrise des business plans (le notre a très fortement évolué, mais c'est assez classique).
Ceci ne signifie pas qu'on ne puisse pas lancer un produit innovant en France quand on a seulement les compétences techniques, une idée géniale (comme nous quoi et sans doute comme vous), et une sacrée motivation (là les rangs s'éclaircissent en général).
Si les 500 K€ nécessaires pour développer la technologie idéale ne sont pas en général accessibles au commun des mortels, réunir les 150 K€ permettant de réaliser une 1ère solution opérationnelle sont à la portée de la plupart d'entre nous (bon il faut quand même se serrer un peu la ceinture et économiser 2 ou 3 ans).
La France dispose en effet de 3 grands outils qui n'ont quasiment pas d'équivalence dans le monde en terme d'efficacité. Oseo ANVAR, le statut JEI (Jeune Entreprise Innovante) et le CIR ou Crédit d'impôt Recherche.
Ceci ne s'adresse cependant qu'aux entreprises innovantes mais il s'agit bien de l'objet de mon post. J'en profite pour souligner que Nevisto a le statut JEI.
Grâce à ces 3 dispositifs, la problématique se résume à réunir environ 40 K€ (40 000 euros, K€ pour kilo euros), ce qui est déjà plus raisonnable (entre 1 et 2 ans de salaires, que l'on peut réunir en mobilisant ses économies, ses amis et son cercle familial). L'effet de levier permettra ensuite de monter grosso modo jusqu'aux 150 K€ recherchés.
Oseo Anvar tout d'abord:
Pour contacter Oséo, le projet doit bien entendu être innovant avec au moins 1 dépôt de brevet en vue. Il est très conseillé de créer une SA (société anonyme) ou une SAS dans l'optique des aides d'Oseo ANVAR. Notez que le capital de votre société peut être beaucoup plus important que vos apports, car vous avez 5 ans pour apporter la 2ème moitié du capital).
Déposez donc avant même la création un dossier à Oseo ANVAR. Assurez vous avec votre interlocuteur (toujours très compétent) de la recevabilité de votre projet. Oseo ne pourra via une subvention ou une aide remboursable financer que 50 % du projet limité à vos apports. En clair si vous apportez 40 K€, OSEO ne pourra légalement (règles européennes) vous financer qu'à hauteur de 40 K€, ce qui est déjà énorme. Comptez toutefois plutôt sur 35 K€ d'apport par prudence.
Le résultat peut être assez rapide (2 mois environ), mais la rédaction du dossier vous aidera déjà à vous poser les bonnes questions, avec un vrai business plan et une programmation de votre R&D. Par rapport à vos besoins idéaux (les 500 K€), vous allez en effet devoir réfléchir à un programme minimal et un business plan minimal (c'est à dire la cible de clientèle la plus facile à atteindre avec le 1er bout de votre technologie). En effet Oseo ne va vous financer que si son aide est jugée efficace (entre 40 et 50 % du montant total (pas 10% donc, et il va vous falloir restreindre vos ambitions).
La suite demain.
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